Ce texte ne se veut pas une réponse à un mal sociétal mais a pour objectif de susciter en vous une réflexion sur vos pratiques de gestion de votre égo et du pouvoir qu'il a sur les autres, et qui ont un impact sur votre environnement. Nous vivons dans une ère où le pouvoir est une source de contrôle pour plusieurs leaders et cadres de différents niveaux, quel que soit le secteur d’activité. Cette soif du pouvoir, nous la retrouvons à travers tous les milieux sociaux et son abus devient un mal en soi. Quelles sont les conséquences sur la société à convoiter et à s’accrocher au pouvoir? Quels impacts cela a-t-il sur les subordonnés, les confrères, les amis, la famille? Qu’est-ce qui alimente le besoin interne de pouvoir? Que devons-nous faire pour limiter les dégâts qu’entraîne l’exercice du pouvoir abusif?
Il est parfaitement humain de ressentir une grande fierté intérieure lorsque nous obtenons une promotion à un poste où l’on nous donne un certain pouvoir décisionnel. Il est parfaitement louable de souhaiter ou de convoiter un poste de niveau supérieur, mais la question à se poser est la suivante : pour quelle raison le veut-on? Ceux qui recherchent le pouvoir, uniquement pour avoir enfin l’opportunité de décider, de se mettre en valeur, de se positionner au-dessus des autres, ou à des fins de combler uniquement des désirs individuels, convoitent le pouvoir pour les mauvaises raisons. Ces gens pourraient être identifiés facilement par des comportements hautains, mesquins, méprisants, indifférents, écrasants envers autrui. Il y a les Francs qui ne se cachent pas de leur identité ni de leurs objectifs. Ceux-là sont des gens que, souvent, nous repoussons après les avoir connus plus à fond. Il y a les Subtils qui, dans leurs actions, ont cette facilité d’influencer les autres. Ce sont des manipulateurs fantômes qui ne dévoilent pas leurs intentions réelles au départ. Ceux-là sont plus dangereux. Ils sont comme une hyène, dissimulée dans les buissons, qui s’avance vers sa proie et qui se dévoile à la dernière seconde afin de bondir et la dévorer.
La soif du pouvoir égocentrique est-elle la source principale du mal? Quel questionnement! Nous pouvons observer certaines problématiques que nous vivons tous à différents niveaux comme le racisme, la phallocratie, la misogynie, le sexisme, le harcèlement psychologique, la violence envers les femmes, la maltraitance des enfants, etc. Nul besoin de dire que ces maux sociétaux ne sont pas souhaitables pour un avenir plus serein et harmonieux. Dans nos cœurs, nous espérons tous une Terre paisible et amicale en tout temps mais, dans nos comportements, en est-il de même? La recherche du pouvoir à des fins personnelles est souvent reliée à des peurs ancrées au fond de l’être, telles la peur d’être rejeté et la peur d’être jugé. Cela amplifie et déséquilibre certains sentiments humains comme l’envie et la jalousie.
Les gens qui abusent de leur pouvoir peuvent détruire des vies, démolir l’estime d’un individu sans considérer tous les dégâts que cela provoque dans l’environnement proche de cette personne – les enfants, la conjointe, les amis. Rappelons que la détresse psychologique est la cause d’absentéisme la plus coûteuse au Québec. Or, bien que nous soyons souvent conscients et témoins de comportements abusifs exercés par un pouvoir égoïste, il n’en demeure pas moins que nous n’osons pas dénoncer ces méfaits. Prenez une personne à grand potentiel, débutant dans une entreprise où le patron a peur de perdre sa place. Il va user de son pouvoir pour priver la recrue d’information stratégique, ou lui refuser tout support et appui pour bien exécuter son travail. Certains patrons peuvent même aller jusqu’à détruire l’image d’un individu dans son entourage immédiat par des commentaires, courriels, ou remarques blessantes, désobligeantes, voire dégradantes. Comment le nouvel employé peut-il développer sa carrière en travaillant dans un environnement aussi mesquin? Et comment peut-on s’imaginer que personne n’ait osé dénoncer l’abuseur de pouvoir? Il est certain que ses paroles et gestes mesquins sont perceptibles à l’œil et l’oreille de tous. Alors nous devons considérer qu’être témoins sans rien faire est équivalent d’être complice. Dur à lire? Oui, mais vrai.
Une des pistes de solution est de croire au pouvoir collectif, ou encore à un pouvoir au service de la communauté visée, au lieu de s’accrocher au pouvoir individuel. Qu’est-ce que cela signifie? Il s’agit de considérer que tous les êtres humains ont en eux le désir de se sentir important. Alors redonnez une partie de votre pouvoir lorsque vous déléguez; transférez la responsabilité qui va avec la tâche ainsi que le crédit qui va avec les résultats. Voilà une façon de vous entraîner à « vous abandonner ». Cela est vrai aussi dans votre relation amoureuse. Apprenez à vous laisser guider par votre conjoint ou conjointe. Cessez de vouloir contrôler ce qui ne vous apparaît pas comme étant sous votre contrôle Acceptez les différences des autres. Tous les leaders veulent déléguer, mais sont-ils prêt à abandonner une partie de leur pouvoir, pour laisser émerger celui de leur communauté immédiate? Une fois le pouvoir délégué, il s’ensuit pourtant une légèreté des responsabilités et un sentiment nourri d’appartenance à l’équipe.
Une autre piste de solution consiste à démasquer et à dénoncer les gens qui abusent de leur pouvoir. Il y a des programmes de soutient pour aider les victimes. Les gens des ressources humaines ont la responsabilité légale de vous soutenir. Les normes du travail et la CSST sont tous des sources d’aide. Si vous avez besoin de vous faire guider afin de vous renforcer, votre coach peut être une ressource importante aussi, ou un conseiller en relation du travail, un psychologue, ou encore un avocat.
En conclusion, avant de prendre plus de responsabilités, posez-vous la question suivante : comment vais-je gérer mon pouvoir? Optez pour des raisons de développement de vos habiletés, pour un défi à devenir une meilleure personne, pour « être » plutôt que pour « posséder ». Nous vous lançons une invitation à être pro-actif face à des situations dont vous êtes témoins. Soyez l’oreille qui écoute, l’œil qui regarde. Soutenez les gens qui sont victimes et réveillez avec tact les abuseurs. C’est souvent inconscient de leur part. C’est ensemble que nous résoudrons le problème. Souvenez-vous : ne rien faire, c’est être complice.